IDENTIFICATION D'UN NOUVEAU GÈNE DE L'HYPOTHYROÏDIE CONGÉNITALE, TUBB1

IDENTIFICATION D'UN NOUVEAU GÈNE DE L'HYPOTHYROÏDIE CONGÉNITALE, TUBB1

En France, l’hypothyroïdie fait partie des cinq maladies dépistées chez tous les nouveau-nés, grâce au test du buvard. Environ un nourrisson sur trois mille souffre d’hypothyroïdie congénitale. Avec environ 261 nouveaux cas en France par an, c’est la maladie endocrinienne la plus fréquente à la naissance.

Si elle n’est pas traitée à un stade très précoce, cette pathologie entraîne différents symptômes – difficultés à téter, hypothermie, constipation, hypotonie, retards ; jusqu’à entraver le développement psychomoteur de l’enfant. On ne sait pas encore guérir l’hypothyroïdie, mais on peut en contrôler les symptômes par un traitement à base d’hormones thyroïdiennes de substitution.

Il est même arrivé que l’équipe du Pr Michel Polak à l’Institut Imagine et à l’Hôpital Necker- Enfants malades AP-HP, travaille au traitement d’un fœtus présentant un goitre anténatal par l’administration intra-amniotique d’un substitut hormonal.

Les conséquences de l’hypothyroïdie sont connues, mais les origines génétiques en sont encore mystérieuses. L’hypothyroïdie résultant d’une anomalie de développement est transmise selon le mode autosomique dominant, alors que les cas dus à des troubles de la synthèse de l’hormone thyroïdienne – la dyshormonogénèse – ont une transmission récessive.

Dans un article scientifique publié le 16 novembre 2018 par la prestigieuse revue EMBO Molecular Medicine, le laboratoire d’endocrinologie, de gynécologie et de diabétologie pédiatrique du Pr Michel Polak à l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, associé à l’InstitutImagine, a montré la responsabilité du gène TUBB1 à différentes étapes du développement et dans le fonctionnement de la thyroïde. En étudiant trois familles distinctes, les chercheurs ont identifié trois mutations pathogènes différentes sur TUBB1.

Ce gène était déjà connu pour son implication dans les maladies associées aux plaquettes. Or, chez les enfants souffrant d’hypothyroïdie congénitale et porteurs d’une mutation sur TUBB1, les chercheurs ont constaté des anomalies plaquettaires.

« Cette découverte permettra de mieux suivre ces enfants qui présentent des plaquettes trop grandes et/ou hyper-agrégées. On sait maintenant qu’ils ont des risques de thrombose, et on sera attentif à d’éventuels signes cliniques cardiovasculaires associés. TUBB1 fait partie du panel de 78 gènes pertinents que nous avons créé pour diagnostiquer les maladies de la thyroïde. Cela bénéficiera ainsi aux familles en attente de conseil génétique » 

explique Aurore Carré, chercheuse et co-auteure principale de l’article.

Sur les 261 enfants qui naissent chaque année avec une hypothyroïdie congénitale, 65% d’entre eux (170 bébés) présentent une anomalie du développement de la thyroïde : mauvaise localisation de la glande thyroïdienne, absence de thyroïde… Les chercheurs ont trouvé au sein de ce groupe 1,1% de patients porteurs d’une mutation sur TUBB1, ce qui représente 2 enfants chaque année.

TUBB1 est un gène qui code pour une tubuline, un constituant des microtubules situés dans le cytoplasme, qui assurent le transport de substances à l’intérieur de la cellule et interviennent dans sa mobilité. Le lien entre microtubules et plaquettes va faire l’objet de recherches approfondies suite à cette avancée, au sein du laboratoire du Pr Polak et en collaboration avec l’équipe de la Pr Delphine Borgel, chercheuse Inserm et hématologue à l’Hôpital Necker-Enfants malades AP-HP.

Article source :

TUBB1 mutations cause thyroid dysgenesis associated with abnormal platelet physiology

Athanasia Stoupa, Frédéric Adam, Dulanjalee Kariyawasam, Catherine Strassel, Sanjay Gawade, Gabo r Szinnai, Alexandre Kauskot, Dominique Lasne, Carsten Janke, Kathiresan Natarajan, Alain Schmitt, C hristine Bole-Feysot, Patrick Nitschke, Juliane Léger, Fabienne Jabot-Hanin, Frédéric Tores, Anita Mic hel, Arnold Munnich, Claude Besmond, Raphaël Scharfmann, François Lanza, Delphine Borgel, Michel Polak, Aurore Carré

DOI 10.15252/emmm.201809569| Published online 16.11.2018 EMBO Molecular Medicine (2018) e9569

http://embomolmed.embopress.org/content/early/2018/11/16/emmm.201809569 (disponible en intégralité en ligne)


À propos de l’AP-HP : 

L’AP-HP est le premier centre hospitalier universitaire d’Europe, organisé autour des 7 Universités de Paris et de la région Ile-de-France. Elle est étroitement liée à tous les grands organismes de recherche (CNRS, INSERM, CEA, INRA, Institut Pasteur, etc.) dans le cadre d’unités mixtes de recherche de ses 10 groupes hospitaliers. Elle compte trois Instituts Hospitalo-Universitaires d’envergure mondiale. Acteur majeur de la recherche appliquée et de l’innovation en santé, le CHU de Paris a créé un maillage de structures d’appui à l’organisation de la recherche et à l’investigation : 14 unités de recherche clinique, 17 centres d’investigation clinique, 4 centres de recherche clinique et 2 centres pour les essais précoces, 12 plateformes de collections biologiques, 2 sites intégrés de recherche sur le cancer, un entrepôt de données de santé recueillant les données de soins des 8 millions de patients vus chaque année. Les chercheurs de l’AP-HP signent annuellement près de 10 000 publications scientifiques et plus de 4 450 projets de recherche sont aujourd’hui en cours de développement, à promotion académique ou industrielle, nationaux, européens et internationaux. Détentrice d’un portefeuille de plus de 500 brevets, de bases de données et de matériels biologiques uniques, l’AP-HP valorise les travaux de recherche remarquables des biologistes et cliniciens chercheurs de ses hôpitaux. Près de la moitié des innovations brevetées sont licenciées à des entreprises du monde entier et sont à l’origine de la création de près de 60 jeunes entreprises. http://www.aphp.fr

À propos de l’Hôpital universitaire Necker-Enfants malades AP-HP :

L’hôpital universitaire Necker-Enfants malades propose l’ensemble des spécialités médicales et chirurgicales pédiatriques, un service d’accueil des urgences pédiatriques, une maternité de type 3 et des services adultes très spécialisés (néphrologie, transplantation rénale, hématologie, maladies infectieuses). Il est le siège du SAMU 75, AP-HP. Hôpital de recours pour le traitement de pathologies lourdes et complexes, ses équipes ont développé une approche médicale de haut niveau grâce à la forte synergie entre les unités cliniques, le plateau technique et les unités de recherche qui font de l’hôpital un acteur important de la recherche clinique avec plus de 500 projets en cours. Il abrite près de 60 centres de référence ou de compétence de maladies rares. Ses 5 000 professionnels prennent en charge plus de 500 000 patients par an, dont près de 17% viennent de province ou de l’étranger.

À propos de l’Institut Imagine 

Premier pôle européen de recherche, de soins et d’enseignement sur les maladies génétiques, l’Institut Imagine a pour mission de les comprendre et les guérir. L’Institut rassemble 900 des meilleurs médecins, chercheurs et personnels de santé dans une architecture créatrice de synergies. C’est ce continuum inédit d’expertises, associé à la proximité des patients, qui permet à Imagine d’accélérer les découvertes et leurs applications au bénéfice des malades. www.institutimagine.org

À propos de l’Université Paris Descartes :

L’Université Paris Descartes, l’université des sciences de l’Homme et de la santé à Paris. Avec ses 9 Unités de Formation et de Recherche (UFR) et son IUT, l’Université Paris Descartes couvre l’ensemble des connaissances en sciences de l’Homme et de la santé. Seule université francilienne réunissant médecine, pharmacie, dentaire et maïeutique, son pôle santé est internationalement reconnu pour la qualité de ses formations et l’excellence de sa recherche.


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