Nous connaissons tous des personnes très timides et d’autres très extraverties, en passant par tous les profils intermédiaires. Il y a en effet de grandes différences dans les comportements sociaux suivant les individus. Existe-t-il aussi des variations au cœur de notre cerveau pouvant expliquer ces différences de comportements ? Le Pr Monica Zilbovicius, directrice de recherche Inserm, et le Pr Nathalie Boddaert, cheffe du service de radiologie pédiatrique à l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, Professeure de médecine à l’Université de Paris et directrice de l’équipe Image au sein de l’Institut Imagine, ont eu recours à l’imagerie cérébrale par résonance magnétique (IRM) et à l’eye- tracking pour répondre à cette question. Tout semble résider dans la capacité à suivre le regard des autres.
Pourquoi certains individus vont plus facilement au-devant des autres ? Peut-on expliquer le fait que certaines personnes semblent plus à l’aise en société ? Depuis quelques années, les neurosciences explorent ces domaines et tentent d’établir des liens entre comportement et données physiologiques.
L’équipe en charge de cette étude a cherché l’existence possible d’une base cérébrale à ces différences et s’il y avait un moyen de les détecter. Cette équipe a utilisé les mesures du comportement du regard (eye-tracking) et l’imagerie cérébrale par résonance magnétique (IRM). En analysant le regard de jeunes adultes volontaires lors du visionnage de scènes du film « Le Petit Nicolas », l’étude a montré, pour la première fois, que la façon de regarder les interactions sociales présentées varie beaucoup, et que cela a une signification : il y a ceux qui regardent beaucoup les yeux des personnages et ceux qui les regardent très peu, ce qui reflète le comportement social de chacun.
Cette manière d’observer l’autre est propre à chaque individu et ne change pas au cours du temps. « C’est une sorte de signature individuelle du degré de sociabilité », note Ana Saitovitch.
Pour essayer de comprendre les mécanismes cérébraux qui sous-tendent ces différents comportements, l’équipe a ensuite quantifié, avec une IRM et séparément de la visualisation des vidéos, l’activité du cerveau au repos chez ces mêmes personnes, par des mesures du flux sanguin cérébral.
Elle constate ainsi une corrélation significative entre le nombre de fois où une personne regarde dans les yeux et le flux sanguin au repos uniquement dans une région très spécifique du cerveau. Il s’agit du sillon temporal supérieur (STS), qui est un haut-lieu dans le cerveau pour la cognition sociale. Ainsi, les personnes qui regardent beaucoup les yeux sont celles qui présentent une activité neurale au repos la plus importante dans cette région. Au contraire, celles qui regardent moins les yeux ont une activité moins importante.
Ces travaux ont permis d’établir différentes signatures neurales propres à chacun, qui déterminent le degré de sociabilité.
Ces résultats novateurs apportent de nouveaux éléments pour la compréhension de la variabilité des comportements sociaux et de ses substrats neuraux.
Ils pourraient par ailleurs contribuer à une meilleure compréhension des pathologies ayant un impact sur le comportement social, telles que les troubles du spectre de l’autisme.
CONTACTS PRESSE :
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SOURCES
Neural and behavioral signature of human social perception
Ana Saitovitch, Hervé Lemaitre, Elza Rechtman, Alice Vinçon-Leite, Raphael Calmon, David Grévent, Volodia Dangouloff-Ros, Francis Brunelle, Nathalie Boddaert & Monica Zilbovicius
Scientific Reports, volume 9, Article number: 9252 (juin 2019)
À propos de l’AP-HP :
L’AP-HP est le premier centre hospitalier universitaire d’Europe, organisé autour des 7 Universités de Paris et de la région Ile-de-France. Elle est étroitement liée à tous les grands organismes de recherche (CNRS, INSERM, CEA, INRA, Institut Pasteur, etc.) dans le cadre d’unités mixtes de recherche de ses 10 groupes hospitaliers. Elle compte trois Instituts Hospitalo-Universitaires d’envergure mondiale. Acteur majeur de la recherche appliquée et de l’innovation en santé, le CHU de Paris a créé un maillage de structures d’appui à l’organisation de la recherche et à l’investigation : 14 unités de recherche clinique, 17 centres d’investigation clinique, 4 centres de recherche clinique et 2 centres pour les essais précoces, 12 plateformes de collections biologiques, 2 sites intégrés de recherche sur le cancer, un entrepôt de données de santé recueillant les données de soins des 8 millions de patients vus chaque année. Les chercheurs de l’AP-HP signent annuellement près de 10 000 publications scientifiques et plus de 4 450 projets de recherche sont aujourd’hui en cours de développement, à promotion académique ou industrielle, nationaux, européens et internationaux. Détentrice d’un portefeuille de plus de 500 brevets, de bases de données et de matériels biologiques uniques, l’AP-HP valorise les travaux de recherche remarquables des biologistes et cliniciens chercheurs de ses hôpitaux. Près de la moitié des innovations brevetées sont licenciées à des entreprises du monde entier et sont à l’origine de la création de près de 60 jeunes entreprises. http://www.aphp.fr
À propos de l’Hôpital universitaire Necker-Enfants malades AP-HP :
L’hôpital universitaire Necker-Enfants malades propose l’ensemble des spécialités médicales et chirurgicales pédiatriques, un service d’accueil des urgences pédiatriques, une maternité de type 3 et des services adultes très spécialisés (néphrologie, transplantation rénale, hématologie, maladies infectieuses). Il est le siège du SAMU 75, AP-HP. Hôpital de recours pour le traitement de pathologies lourdes et complexes, ses équipes ont développé une approche médicale de haut niveau grâce à la forte synergie entre les unités cliniques, le plateau technique et les unités de recherche qui font de l’hôpital un acteur important de la recherche clinique avec plus de 500 projets en cours. Il abrite près de 60 centres de référence ou de compétence de maladies rares. Ses 5 000 professionnels prennent en charge plus de 500 000 patients par an, dont près de 17% viennent de province ou de l’étranger.
À propos de l’Institut Imagine :
Premier pôle européen de recherche, de soins et d’enseignement sur les maladies génétiques, l’Institut Imagine a pour mission de les comprendre et les guérir. L’Institut rassemble 900 des meilleurs médecins, chercheurs et personnels de santé dans une architecture créatrice de synergies. C’est ce continuum inédit d’expertises, associé à la proximité des patients, qui permet à Imagine d’accélérer les découvertes et leurs applications au bénéfice des malades.
L’Institut a été labélisé « Tremplin Carnot » en 2016 par le Ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Pour en savoir plus : institutimagine.org
À propos de l’Inserm :
L’Inserm est un établissement public à caractère scientifique et technologique, placé sous la double tutelle du ministère de la Santé et du ministère de la Recherche. Dédié à la recherche biologique médicale et à la santé humaine, il se positionne sur l’ensemble du parcours allant du laboratoire de recherche au lit du patient. Sur la scène internationale, il est le partenaire des plus grandes institutions engagées dans les défis et progrès scientifiques de ces domaines.
À propos de l’Université de Paris :
En 2019, les universités Paris Diderot, Paris Descartes et l’institut de physique du globe de Paris fusionnent pour former l’Université de Paris. Cette nouvelle université couvre l’ensemble des champs disciplinaires. Son offre de formation est une des plus complètes et des plus ambitieuses proposées en France et à l’international. Université de « recherche intensive », ses objectifs la place au niveau des établissements français et internationaux les plus prestigieux : recherche au meilleur niveau dans le respect des règles éthiques et déontologiques, formation supérieure d’excellence, dynamisme de la vie étudiante, soutien à l’innovation et au transfert, construction de l’espace européen de la recherche et de la formation.
L’Université de Paris compte 61 000 étudiants, 4 500 enseignants-chercheurs, 22 écoles doctorales et 142 laboratoires de recherche. Visiter u-paris.fr.